Le quotidien dans la presse de 1891
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 04 janvier 1891:
Tribunal correctionnel de Nancy
....Audience du 3 janvier 1891
..Bris de clôture. -Jules Guyot, 38 ans, charpentier à Pompey, ayant été renvoyé de son logement, a été, à plusieurs reprises faire des menaces à son propriétaire. Il s'est présenté un jour une hache à la main, et a brisé la porte de la cuisine et une fenêtre. Deux mois de prison et 11 fr d'amende.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 08 janvier 1891:
Pompey
..Un grand concert donné par la Société de  musique l'Harmonie des Forges de Pompey, aura lieu le 17 courant,  dans les salles de M. Jules Mater, cafetier.
          ..Nous publierons prochainement le programme de ce concert qui, s'il  ressemble au dernier, aura un grand succès local.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 17 janvier 1891:
Pompey
..Voici le programme du concert qui sera donné par l'Harmonie des Forges de Pompey, le samedi 17 courant, dans les salles de M. Jules Mater, cafetier:
Première partie
Francolina, valse (Harmonie)
Rose, Souviens-toi, romance, par M. R.Leclerc
Le plus savant du village, chansonnette, par M. Armand
Le somnambule, duo de piston, par MM. Leclerc et Courcelles
Le conscrit alsacien, tyrolienne, par M. G.Reb
Le mitron, chansonnette, par M. Courcelles
Le brocanteur, chansonnette, par M. Armand
Le garde national, chansonette, par M. Courcelles
Lucrèce Borgia, fantaisie (Harmonie)
Deuxième partieLa muette de Portici, fantaisie (Harmonie)
Les chercheurs de clair de lune, par M. G.Reb
La grève des forgerons, poème de F.Coppée, dit par M. Armand
Les vieux t'amis, duo bouffe, par MM. Leclerc et Courcelles
L'éblouissante, mazurka, par M. Hentz fils
Le retour de l'engagé, chansonnette, par M.Armand
J'ai mon coup de feu, pochade, par M.Armand
Polka des Masques, (Harmonie)
Troisième partieLa fanfare de Nonancourt, saynette musicale, jouée par MM. Leclers, Kieffer, Jacquet, Hentz fils et A. Camus.
 
          ..Un bal suivra l'exécution de ce concert.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 21 janvier 1891:
..Dimanche, la conférence de M. Jules Leroy, typographe, a réuni au café du centre, à Pompey, malgré le mauvais temps, un auditoire ouvrier d'environ quatre vingt à cent personnes. Le conférencier s'est attaché à montrer que, contrairement à une opinion assez répandue, l'amélioration du sort de l'ouvrier dépend plus encore des mœurs que du vote de lois qu'on réussit trop souvent à éluder.
..Parmi les obstacles qui s'opposent à cette amélioration, il a dénoncé d'une part l'égoïsme de patrons qui considèrent leurs ouvriers plutôt comme des machines que comme es collaborateurs, d'autre part une certaine apathie chez les ouvriers, qui les fait négliger des moyens mis à leur disposition par la loi, notamment les associations syndicales.
..M. Leroy a terminé sa conférence en engageant ses camarades à faire tous leurs efforts et à user de leur influence pour créer et fortifier des associations de ce genre. Le public a paru prendre un vif intérêt en faisant eux-mêmes quelques observations sensées et bien à leur place.
..M. Boucart, président de l'association des conférenciers, a ensuite, dans une chaleureuse allocution, insisté surtout sur le rôle très important des syndicats professionnels, lesquels sont bien mieux à même que l'Etat de rechercher, chacun dans sa propre sphère, les remèdes aux difficultés qui entravent les efforts des travailleurs, et d'obtenir satisfaction pour leurs besoins et désirs légitimes.
..L'association syndicale doit être considérée comme un moyen de rétablir l'équilibre entre le capital et le travail, ces deux facteurs de la production et de la prospérité générale, et qui devraient être, non point adversaires, mais alliés: elle doit être un instrument de pacification. L'attention sympathique et les applaudissements des assistants à ces dernières paroles ont prouvé qu'ils en appréciaient la valeur et s'y associaient.
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 21 janvier 1891:
Pompey
..Le concert, dont nous avons donné le programme dans notre numéro de samedi, a été très brillant, bien qu'un accident arrivé à un des deux artistes amateurs, M. Reb, qui a eu un doigt coupé, ai privé l'auditoire de deux des morceaux annoncés.
..L'Harmonie a prouvé une fois de plus son talent d'exécution, qui a fait le plus grand honneur à son chef M. Hentz. Quant aux artistes, on peut leur faire les plus sincères félicitations, car à part un seul, tous les morceaux ont été brillamment enlevés.
..M. Régis Sibense mérite aussi des compliments pour la bonne manière avec laquelle il a su disposer la scène. Enfin, pour n'oublier personne, félicitations aussi à M. Jules Mater, dont les boissons étaient de premier choix.
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 22 janvier 1891:
..extrait: une prime de 100 fr. est accordée pour un loup et une louve; 150 fr. pour une louve pleine; 30 fr. pour un louveteau; et 200 fr. pour une bête s'étant attaquée à des êtres humains.
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 24 janvier 1891:
Pompey
..Jeudi, dans la matinée, M. Jean Baptiste Baudot,  âgé de 55 ans, manœuvre à l'usine, avait été  envoyé à la gare par son chef.
          ..Cet ouvrier, en traversant la voie, ne s'est pas aperçu de  l'arrivée du train de mines qui faisait la manœuvre en ce  moment, et il a été tamponné par le dernier  wagon.
          Transporté à l'hospice, le malheureux a été  visité par le docteur qui n'a guère d'espoir de le  sauver.
          ..Cet ouvrier est célibataire.
 
        
Marbache
..Un ouvrier qui travaillait dans les galeries de la  mine de Marbache a été écrasé par un bloc  de minerai.
          ..Un second accident s'est produit quelques instants après dans  la même galerie. L'état du second blessé est très  grave.
          ..Un médecin a été mandé à Nancy.
 
        
Frouard
..La gendarmerie de Frouard a ouvert une enquête sur un vol de deux wagonnets de minerai de fer, commis à la mine de Marbache au préjudice de M. Dumont, mineur à Saizerais. L'auteur soupçonné de ce vol est un autre mineur.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 25 janvier 1891:
Les inondations de la Moselle
..Ce qui est actuellemnt à redouter, ce sont les inondations qu'occasionnera le dégel. Le Patriote Mussipontain rapporte les principales inondations, débâcles de glace dont les chroniques font mention.
..En 1137, par suite du froid, les eaux de la Moselle ne coulaient plus que comme un ruisseau; fortes inondations en 1196, 1206, 1233.
..Inondations en 1297, 1315, 1326, 1359 avec complications d'une débâcle effrayante des glaces à la suite d'un hiver très rigoureux; 1364, le chroniqueur dit pour cette année que c'était chose merveilleuse et indescriptible; 1373, depuis le déluge, dit la chronique, on n'avait pas vu les eaux aussi grandes; l'inondation dura trois jours et trois nuits, les dommages furent épouvantables; 1399, 1402, 1408, la débâcle fut désastreuse à la suite de ce que la chronique appelle le grand hiver.
..Inondations en 1453, 1458, à la fonte des neiges qui furent en extraordinaire abondance.
 ..En 1523, l'inondation abattit quatre arches du pont de Pont à  Mousson. Laissons la parole à un vieux chroniqueur, Philippe  de Vigneulles, racontant le
s désastres de l'inondation:
          « Cette abondance d'eau fit un merveilleux dommage en la ville  du pont. En premier, elle rompt et abattit quatre arches du pont avec  neuf ou dix maisons de cette partie; et fit abattre et rompre une des  portes avec un grand pan de muraille de la ville, et furent par  plusieurs jours les habitants enclos céans, criant alarme,  miséricorde, et ne cuidant (pensant) jamais mieux mourir.  Cette eau, fit tant d'autres dommages que ce fut une chose  merveilleuse tant en terres dérayées, en biens perdus,  en bêtes noyées, brebis et autres grands dommages de  blé, de vin et de plusieurs denrées, que ce fut une  chose inestimable.»
Pont-à-Mousson: les maisons sur le pont
          (Image rajoutée pour visualiser l'événement)
..Inondations en 1470, 1489; à la suite de l'hiver 1490-1491, appelé l'hiver des grandes neiges, le dégel arriva le 31 janvier, il y eu un débordement, les glaces causèrent de grands dégâts et enlevèrent un des moulins voisins du pont; plusieurs maisons riveraines furent démolies.
..En 1564, grande débâcle de glaces avec débordement, le tout causant de grands dommages.
..En 1582, au mois de novembre, il survint une inondation si violente que les eaux renversèrent la grande muraille de la ville de Pont à mousson, faisant boulevard contre la rivière, la clôture de la cour des classes et les portes des classes, envahirent les cours du collège et les rues de la ville.
..L'hiver de 1634 et 1635 fut très rigoureux; au dégel, les eaux de la Moselle débordèrent fortement et la débâcle fut effrayante, les glaces avaient huit pieds d'épaisseur.
..En 1654, débordement extraordinaire; il y eu trois arches du pont enlevés par l'impétuosité des eaux.
..En 1824, terrible inondation la veille de la Toussaint, toutes les rues étaient envahies, il fallu évacuer la caserne.
..En 1830, la débâcle des glaces fut épouvantable, le pont fut menacé; on essaya par précaution de casser les glaces, en avant; au mois de mai, il y avait encore, sur le terrain de manœuvres, des glaçons de plus d'un mètre d'épaisseur. Pendant l'hiver, des voitures chargées d'énormes chargements traversaient la rivière.
..Il nous faut aussi mentionner les débordements de 1831, 1836, surtout ceux de 1844 et ceux des 26 avril 1878 et 1er janvier 1880, l'année du fameux hiver.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 27 janvier 1891:
Pompey
..La mairie de Pompey délivre gratuitement depuis huit jours,  des bons de chauffage mis généreusement à sa  disposition par M. Fould-Dupont, maître de forges à  Pompey.
          ..Ces distributions continuent encore au fur et à mesure des  besoins.
..Dans la nuit de vendredi à samedi, un loup a fait son apparition dans les rues de Pompey. Cet animal rencontré par un boulanger, s'est empressé de s'enfuir.
..On nous annonce qu'une troupe de cygnes aurait été vu sur la Moselle.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 8 février 1891:
Pompey
..Un incendie s'est déclaré, vendredi, à  un heure de l'après-midi, dans la maison de Mme. veuve Russel,  propriétaire, qui l'habite et ainsi que deux locataires, les  sieurs Pauly et Marseau.
          ..Grâce aux prompts secours apportés par la  population ainsi que par les pompiers de Frouard, arrivés en  toute hâte, sous les ordres de leur lieutenant, tout danger  avait disparu après une heure et demie de travail.
          ..Il faut citer le courage et le dévouement de M. Fredez,  employé à la gare de Pompey, qui le premier, a pénétré  dans l'immeuble et est resté jusqu'à la fin sur la  brèche, malgré l'état pitoyable dans lequel il  se trouvait.
          ..Les dégâts sont évalués à  1800 fr., dont 1050 fr. pour Mme Russel qui est assurée à  la « Compagnie Générale », et 750 fr. pour  les locataires qui ne sont pas assurés.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 20 février 1891:
Tribunal correctionnel de Nancy
.........Audience du 19 février 1891
..Jean Sonnet, 29 ans, mouleur, sans domicile fixe, a dérobé à un ouvrier son patelot et à un autre son dîner, dans la halle de la forge de Pompey à deux mois de prison.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 21 février 1891:
Pompey
..Dans la nuit de jeudi à vendredi, un sieur Damas,  ouvrier à l'usine, a été complètement  brûlé.
        Nos donnerons des détails complémentaires sur cet  accident.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 22 février 1891:
Pompey
..Nous avons annoncé dans notre numéro  d'hier un accident survenu à un ouvrier des usines de Pompey.
          ..Voici comment cet accident est arrivé:
 ..Jeudi soir, vers sept heures, le sieur Ferdinant Pierret-Damas,  ouvrier employé au services des machines, se présentait  à son travail dans un état d'ébriété  manifeste. Son contremaître l'envoya se coucher, mais le  malheureux, au lieu de retourner à Custines, son domicile,  alla se coucher à côté d'une chaudière sur  un petit tas de paille.
          ..Un balai enflammé, lancé par un enfant, alluma la  paille et Pierret se réveilla entouré de flammes. La douleur était si forte que le pauvre diable alla se  blottir contre des plaques de fonte rougies à blanc et sur  lesquelles il essayait de grimper. Transporté aussitôt à  Custines, il a reçu immédiatement les soins de monsieur  le docteur Dard, mais on ne garde aucun espoir de le sauver.
          ..Ce malheureux qui n'avait que quarante quatre ans laisse une veuve  et une petite fille qu'il avait complètement à sa  charge.
Pompey
..Vendredi matin, deux ouvriers, pensionnaires chez le sieur  Jean-Pierre Dolweck, se sont enfuis sans payer leur pension et en  emportant des habillements dont le prix avait été payé  par leur maître de pension.
          ..La dame Dolweck, soupçonnant que ces deux individus devaient  être à Nancy, se rendit dans cette ville, et fut assez  heureux pour retrouver leurs traces.
          ..Elle alla faire sa plainte à un commissaire, et à  l'heure actuelle, les deux indélicats pensionnaires doivent  être arrêtés.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 8 mars 1891:
Pompey
..Vendredi, vers deux heures, M Charles Krautkraëmer, ajusteur aux usines de Pompey, a eu le pouce gauche coupé à la première phalange par une presse nouvellement installée.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 18 mars 1891:
Pompey
..Dimanche, vers minuit, à la suite d'une dispute,  plusieurs ouvriers de nationalités allemande, se sont mis à  briser les glaces et les vitres du café de La Poste,  appartenant à M. Mater.
          ..Les dégats que ces allemands ont occasionnés,  s'élèvent à près de cent francs.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 28 mars 1891:
..Les vignes qui ont souffert de la gelée de 1891 – On reconnaît généralement que les vignes malades, soit du phylloxéra, soit du mildiou, ont beaucoup souffert de l'hiver rigoureux de cette année: le sarment noircit, sèche et meurt; la taille sera difficile et dans bien des cas, impossible.
..Avis donc au vignerons qui n'ont pas encore voulu prendre l'habitude de sulfater leurs vignes.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du lundi 6 avril 1891:
Pompey
..Samedi matin, vers sept heures, M. Noël,  cultivateur à Saizerais, venait de décharger de  l'avoine chez un voiturier de Pompey et reprenait le chemin de son  logis, lorsqu'à peine avait-il fait cent mètres, que  son cheval pris peur et s'emporta.
          ..Quoique le tenant fortement par la tête, M. Noël ne put  le maîtriser; il lâcha prise, roulant sous le cheval et  la voiture, qui lui firent deux fortes contusions à la jambe  gauche.
          ..Après avoir reçu les soins de M. le docteur Claude,  qui ne constata aucune fracture, M. Noël se fit reconduire chez  lui.
          ..Quant au cheval, il était allait s'abattre contre une  maison, à environ deux cents mètres du lieu de  l'accident, sans se faire grand mal.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du 10 avril 1891:
Tribunal correctionnel de Nancy
......Audience du 11 avril 1891
..Bris de clôture: Emile Kieffer, 23 ans, forgeron; Jean  Kieffer, 26 ans, puddler; Georges Kieffer, 24 ans, forgeron; Nicolas  Kieffer, 22 ans, ouvrier de forges; Nicolas Adam, 27 ans, forgeron;  Pierre Houvert, 27 ans, ouvrier de forges, tous à Pompey,  étant entrés dans un débit, une dispute  s'engagea entre eux et plusieurs autres consommateurs. Le débitant  les mis à la porte; ceux-ci, furieux, cassèrent les  tables et les verres qui se trouvaient dans l'établissement.
          ..Emile et Nicolas Kieffer, chacun 21 fr d'amende, les autres  prévenus, chacun 18 fr. d'amende.
..Pierre Dettwiller, 25 ans, Jean Dettwiller, 23 ans, Jean Wilhem, 35 ans, tous trois tourneurs à Pompey ont été vus pêchant des grenouilles dans une morte leur appartenant – chacun 10 fr. d'amende.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 16 avril 1891:
..Malgré les recherches de la gendarmerie de Frouard, les nommés Brechler et Lutz, supposés résidants à Pompey, n'ont pu être retrouvé. Ils sont imputés d'avoir causé une fracture accidentelle à la jambe gauche au sieur Wolf Valentin, jardinier à Kayl (grand duché du Luxembourg)
L'EST REPUBLICAIN du mardi 21 avril 1891:
Phénomène atmosphérique
 ..Lundi, à midi et demie, un phénomène assez  étrange s'est produit: la chute d'araignées  microscopiques, qui se sont abattues en assez grand nombre (nous  avons pu en compter jusqu'à dix neuf pour un mètre de  surface) devant le numéro 25 de la rue Saint-Nicolas.
          ..Ces bestioles, de couleur brune assez foncée, sont celles  qu'on trouve habituellement dans les houblonnières; aussi,  croyons-nous que les vents qui soufflent depuis plusieurs semaines  sur la campagne ne sont pas étrangers à l'apparition de  ces vilaines bêtes, qui se sont abattues dans leur trajet aux  dessus de la ville.
          ..Serait-ce le présage d'une température plus clémente?
Espérons le! Quoiqu'il en soit, le cas est assez rare, et  nous croyons bon de le signaler.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 21 avril 1891:
Marbache
..M. Maffiordo, mineur, travaillait à la mine, lorsqu'en voulant faire tomber un bloc de minerai, celui-ci, en se détachant tout à coup, l'atteignit et lui fractura la jambe gauche. Ses camarades accoururent et, après l'avoir dégagé, le transportèrent hors de la mine, où le directeur le fit transporter à l'hospice de Pompey.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 23 avril 1891:
 ..Lundi, M. Hoen, professeur d'hypnotisme, a donné, chez M.  Jule Mater, cafetier à Pompey, une soirée des plus  intéressantes.
          ..Ses expériences, faites sur trois messieurs de bonne  volonté, ont pleinement réussi; mais ce sont celles  qu'il a exécutées sur un sujet bien entrainé,  une jeune fille qui l'accompagne, qui ont surtout recueilli les  applaudissements.
          ..Par son seul regard il a endormie cette jeune personne et l'a  plongée dans un état d'anesthésie si complet,  que le corps avait la rigidité d'une barre de fer et pouvait  supporter le poids de deux personnes, sans plier du tout.
          ..Cette intéressante séance a été encore  rehaussée par la présence de M. Maxime, du théâtre  de Nancy, qui a très bien rendu le Naufrage de François  Coppé, et par Mlle. Maxime, une pianiste d'un talent  incontestable.
          ..A la fin de la soirée, un amateur a aussi fait quelques  expériences d'hypnotisme qui ont très bien réussi  ... à égayer les assistants.
 
        
..Plainte vient d'être portée contre un manœuvre de l'usine de Pompey, le sieur Benoit, qui par une falsification de ses bons de paie, a essayé de toucher 50 fr. de plus que son compte
 
        
..Le nommé Louis Cabaret, mineur de Frouard, s'est vu dresser un procès-verbal pour coups et outrages à M. Jacques, garde champêtre de la commune de Pompey, qui voulait le faire sortir d'un cabaret.
 
        
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 29 avril 1891:
Pompey
..Lundi soir, vers six heures et demie, un incendie a  détruit une maison en planches appartenant au sieur  Chaussalet, manœuvre à l'usine, ainsi que le mobilier qu'elle  renfermait.
          ..Les pertes qui peuvent s'élever à environ 1.500 fr.  seront supportées par l'assurance.
            ..Le feu aurait, parait-il, été causé par  l'imprudence d'un tout jeune enfant.
        
 ..Lundi, dans la matinée, le sieur Emile François,  âgé de 41 ans, domicilié à Griscourt et  employé à la traction d'une locomotive de l'usine de  Pompey, a eu la tête tamponnée sur les deux faces par  des barres de fer, dont la longueur dépassait celle des  wagons.
          ..Le docteur Claude, appelé de suite, n'a pu se prononcer sur  la gravité des blessures du malheureux, qui a été  transporté, sur sa demande à Griscourt.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 10 mai 1891:
Pompey
..Jeudi soir, vers cinq heures, l'enfant d'un batelier,  dont le bateau est actuellement dans le dock des usines de Pompey, le  petit manouvrier, âgé de quatre ans, est tombé  accidentellement dans la Moselle.
          ..Ce n'est qu'après vingt minutes de recherches que le  cadavre du pauvre enfant a été retrouvé.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 24 mai 1891:
Pompey
..Vendredi, dans l'après-midi, le sieur Emile  Beauguitte, mécanicien à l'usine, voulant à  l'occasion de sa fête, offrir à boire à ses  camarades, donna 5 fr. au sieur Louis Cuny, décrasseur,  demeurant à Frouard, pour aller chercher de la bière.
          ..Le sieur Cuny n'ayant pas fait la commission dont Beauguitte  l'avait chargé, celui-ci réclama sa pièce de 5  fr. Cuny ayant soutenu qu'il n'avait rien reçu, une rixe  s'engagea entre les deux ouvriers, à quatre heures et demi.
          ..Cuny eut le dessous, et à six heures, à la sortie  de l'usine, il courut chez lui, à Frouard chercher son  révolver, puis il se mit à la poursuite de Beauguitte,  qui regagnait son domicile.
          ..Il le rattrapa à mi-chemin et lui tira deux balles qui  l'atteignirent au cou, après quoi il se rendit à la  gendarmerie de Frouard, où il se constitua prisonnier.
          ..Le docteur Dard, de Custines, appelé immédiatement  n'a pu se prononcer sur la gravité des blessures de  Beauguitte, qui a été transporté à  l'hospice de Pompey.
        ..La victime qui est célibataire, a environ vingt huit ans.  Quant au meurtrier, qui est marié et père de famille,  il a une trentaine d'années.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 26 mai 1891:
Le meurtre de Pompey
..Ainsi que nous l'avons déjà  annoncé, le parquet de Nancy s'est rendu à Frouard et à  Pompey pour procéder à l'interrogatoire des témoins  du drame dans lequel le malheureux Beauguitte a trouvé la  mort.
          ..La confrontation de Cuny avec le corps de sa victime avait eu  lieu dimanche matin.
          ..Lundi matin, on a entendu quatre témoins qui se sont  accordés à reconnaître que Cuny avait tiré  sur Beauguitte, non pas d'un distance de dix mètres, mais  presque à bout portant, à trois pas.
          ..Lundi à trois heures, à l'hospice de Pompey, on a  procédé à l'autopsie de Beauguitte.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 27 mai 1891:
Le meurtre de Pompey
..Le sieur Emile Beauguitte, la victime du  crime de Pompey, a été inhumé mardi à  sept heures du matin. Sa mère, une pauvre vieille d'une  soixantaine d'année, et sa sœur avec son mari, ont conduit le  corps à sa dernière demeure.
          ..Les compagnons de travail de Beauguitte assistaient aussi aux  obsèques, et l'un deux portait une couronne achetée en  commun.
          ..L'autopsie du cadavre avait eu lieu lundi vers quatre heures.
Recensement
..La population de la commune de Pompey est actuellement de 2630 habitants, soit une augmentation, depuis 1886, de 202 habitants.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 31 mai 1891:
 ..Le meurtrier Cuny en prison. - De nombreux témoins ont  été entendus relativement au meurtre commis par Cuny,  poseur de rails aux usines de Pompey, sur la personne d'Emile  Beauguitte, mécanicien aux mêmes usines. Il résulte  de leurs dépositions que Cuny a été provoqué  à plusieurs reprises par le machiniste Beauguitte.
          ..La femme de Cuny a obtenu jeudi la permission d'aller visiter son  mari.
          ..Cuny regrette sincèrement ce qui s'est passé entre  lui et Beauguitte, mais il prétend qu'il a été  provoqué, accusé à tort, frappé et  terrassé à plusieurs reprises par le machiniste défunt.
          ..Cette affaire passera, croit-on à la session d'août.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 6 juin 1891:
..Le samedi 6 juin, se produira une éclipse de soleil qui affectera la forme d'un disque et qui sera visible à 2 heures 39 minutes de l'après-midi. Elle sera partielle et obscurcira 1/5 de l'astre du jour.
..C'est Me Didion, avocat à la cour, qui sera chargé de défendre à la prochaine session d'assises le nommé Cuny, l'auteur du meurtre dont nous avons parlé.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 10 juin 1891:
Pompey
..En déchargeant un wagon de coke, des ouvriers  travaillant chez M. Fould, ont trouvé caché soixante  quinze kilogrammes de tabac belge.
          ..Procès verbal a été dressé.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 11 juin 1891:
Marbache
..Lundi un individu de nationalité italienne, ouvrier mineur à Marbache, a été écrasé par un bloc de minerai qui s'est détaché de la voûte. L'ouvrier a été tué sur le coup.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 12 juin 1891:
Demande en concessions et en réunions de concessions de mines
..M.Victor Sépulchre, directeur des établissements de l'Est de la Société de Vézin-Aulnoye, à Maxéville (Meurthe et Moselle), au nom de cette société, dont le siège social est à Huy, province de Liège (Belgique), sollicite une concession de mines de fer sur le territoire des communes de Belleville et de Marbache, arrondissement de Nancy, d'une superficie de 4 kilomètres carrés et 6 hectares.
..Ayant acquis, en outre des propriétaires de la concession de Pompey, d'une étendue de 127 hectare, le droit d'exploiter temporairement cette concession pour l'alimentation de ses usines. M. Sépulchre, ès nom, demande l'autorisation de réunir pour cela cette concession à celles que la société posséde déjà et dénommée l'Avant-Garde (277 hectares), Boudonville (430 hectares) et Homécourt (894 hectares). Cette dernière seule est située dans l'arrondissemnt de Briey et seules toutes les autres dans l'arrondissement de Nancy.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 13 juin 1891:
Marbache
..M. Soubeyrand, âgé de 25 ans, mineur,  était occupé au fond d'un puits de recherche de minerai  au lieu dit Bois-Leroy. Il chargeait les matériaux dans une  benne que MM. Ohève et Bourois remontaient à l'aide  d'une manivelle.
          ..M. Ohève en voulant retirer la benne qui arrivant à  l'orifice, s'aperçut que la corde était cassée,  il cria à Soubeyrand de se garer. Au même instant la  benne tombait au fond du puits; une pierre atteignit M. Soubeyrand,  il tomba sans pousser un cri, le crâne fracturé.
          ..M. Faivre, chef de poste, a déclaré qu'avant de  partir il avait examiné la corde qui n'était en usage  que depuis peu de temps et qu'il l'avait trouvée en bon état.  La partie qui s'est rompue a été coupée et sera  examinée.
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 16 juin 1891:
Pompey
..Dimanche, vers cinq heures et demie, une rixe a éclaté  entre un sieur Rondier et deux autres ouvriers.
          ..L'un des trois combattants a été fortement blessé  par suite des coups de pieds qu'il a reçu.
          ..La gendarmerie a ouvert une enquête.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du 24 juin 1891:
Pompey
..On nous écrit:
          ..Lundi, à une heure, les laveuses de Pompey ont été  témoins d'une scène tragi-comique.
        ..Un ouvrier de Frouard qui avait fêté un peu plus que  de raison le saint patron de cette localité, s'était  rendu sur les bords de la Moselle dans l'intention d'en finir avec  les déboires de l'existence. Mais sa femme, qui avait deviné  son sombre projet, l'avait suivi et le dévouement conjugal a  su triompher de la funèbre résolution du mari.
        ..Seulement il a fallu à la pauvre femme une forte dose de  patience pour empêcher son mari de la rendre veuve.
        ..Celui-ci d'un air farouche, pénétrait dans l'eau, y  cherchant un trou bien profond pour s'y jeter, mais la brave femme le  suivait, s'accrochant à ses vêtements et le retenant au  bord de l'abîme avec ses mains crispées et ses plus  tendres paroles. «- allons mon chéri, disait-elle,  reviens à toi, réfléchis mon bon ami, etc...»
        ..Et lui de répondre par une bordée  d'injures. Les  p... et r.... volaient sur la bouche chacun croyait qu'il parlait  grec .... Malgré tout, la fidèle épouse n'a pas  cédé.
        ..A plusieurs reprises, il a marché ainsi à l'abîme,  et elle, chaque fois, l'a suivi, lui disant toujours les mots les  plus doux, et lui, le méchant, répondant toujours à  la caresse par l'injure.
        ..Enfin, une fois de plus, la douceur à vaincu, et le couple  s'en est retourné à Frouard y calmer ses émotions.
 
        
 ..Lundi soir, vers six heures et demie, un petit Lucien Jacques,  âgé de sept ans, de Pompey, en revenant de la fête  de Frouard, eut la mauvaise idée de monter sur le parapet du  pont du canal; il tomba sur une borne, d'une hauteur de plus de dix  mètres.
 
          ..Sa petite sœur, qui l'accompagnait, s'empressa de venir prévenir  ses parents qui courrurent relever le malheureux.
          ..Transporté à Pompey, le pauvre enfant a été  examiné par M. le docteur Claude, qui ne peut encore se  prononcer sur son état.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 28 juin 1891:
Pompey
..Jeudi soir, un sieur Edouard Muller, ouvrier à l'usine de Pompey, a frappé M. Goetz, employé à la même usine. Celui-ci a porté plainte.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 4 juillet 1891:
..Une rixe a éclaté à Frouard, entre les nommés Dauphin, ouvrier de Forges, Ancé, employé au chemin de fer, la femme Ancé et la femme Moriot. La gendarmerie a ouvert une enquête.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du lundi 6 juillet 1891:
Pompey
..Samedi soir, vers quatre heures et demie, le jeune  Emile Hamer, âgé de quinze ans, aide puddler à  l'usine, s'amusait sur le crassier, à proximité du  coucou qui transporte les scories.
          ..A un certain moment, le malheureux trébucha et tomba sur  les rails. Quatre wagons lui passèrent sur la jambe gauche.
  ..Le jeune blessé a été transporté à  Nancy, car on juge que l'amputation sera nécessaire, le tibia  étant à nu.
            ..Le pauvre garçon, qui est l'aîné de neuf  enfants, aidait déjà beaucoup sa famille, dont les  charges vont encore ainsi être augmentées.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 9 juillet 1891:
Pompey
..M. Lamarche, directeur des forges, a porté plainte à la gendarmerie contre un nommé Félix Jacques, contre-maître à l'usine qui a pris la fuite. Un ouvrier, interrogé, a déclaré que Jacques établissait des bons de paiement pour des heures supplémentaires faites par des ouvriers, alors que ceux-ci avaient quitté leur travail à l'heure habituelle.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 10 juillet 1891:
Tribunal correctionnel de Nancy
......Audience du 9 juillet 1891
..Edouard Muller, 31 ans, forgeron à Pompey, s'est battu avec un autre ouvrier – quinze jours de prison par défaut.
 
        
Pompey
..Mardi soir, le sieur André Godillot,  dégrossisseur aux usines, à la suite d'une amende que  lui avait infligé M. Lévêque, son contre-maître,  s'est jeté sur celui-ci et l'a frappé à coup de  poing et de pied.
          ..M. Simon, ingénieur, étant venu voir ce qui se  passait, a aussi reçu un coup de poing qui l'a jeté à  terre.
          ..Ce dernier employé, qui est déjà âgé,  s'enfuit, Godillot le poursuivit et, pendant plusieurs minutes, le  poursuivi et le poursuivant se livrèrent, autour des bureaux à  une course homérique, durant laquelle ils se rencontrèrent  plusieurs fois l'un l'autre, sans pouvoir s'arrêter, tellement  tous deux étaient lancés. Pendant ce temps, un camarade  de Godillot, un nommé Pire -pire que Godillot, cherchait dans  les bureaux un employé à occire. Heureusement, il n'en  trouva pas.
          ..Plainte a été porté à la gendarmerie  par MM. Simon, Lévêque et Mangenot.
 
        
..Le lendemain, dans la matinée, un magasinier des mêmes usines, M. Dopffer, a aussi été frappé par un ouvrier employé sous ses ordres.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 14 et mercredi 15 juillet 1891:
MEDAILLES D'HONNEUR
..A l'occasion du 14 juillet, des médailles d'honneur ont été décernées.
Médailles d'Argent
Bernard (Jules), dégrossisseur dans la maison Fould-Dupont, à  Pompey
Legay (Adolphe), lamineur dans la maison Fould-Dupont, à  Pompey
Mater (Joseph-Basile), puddleur dans la maison Fould-Dupont, à  Pompey
Mater (Jules-Jean-Baptiste), lamineur dans la maison Fould-Dupont, à  Pompey
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 22 juillet 1891:
Pompey
..M. Lacroix, tourneur en fer, a eu l'index de la main gauche pris dans l'engrenage de son tour. Lacroix s'est rendu à l'hôpital, où M. le docteur Claude a du faire l'amputation de la deuxième phalange du doigt.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 24 juillet 1891:
Tribunal correctionnel de Nancy
....Audience du 23 juillet 1891
Infraction à la loi sur le recrutement des chevaux
 .............; Alphonse Fould, maître de forges;..........
Tous 25 fr. d'amende.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 25 juillet 1891:
Les procédés de M. Fould
 ..M.Fould se dit le père des ouvriers. Comment  alors se fait-il que tous les plus vieux travailleurs de l'usine la  quittent l'un après l'autre?
          ..Lorsque la maison Dupont et Dreyfus vint d'Ars-sur-Moselle à  Pompey, elle possédait une merveilleuse équipe  d'ouvriers, solides au poste et connaissant à fond leur  affaire.
          ..Où est maintenant cette équipe?
          ..Les deux tiers des anciens ouvriers de la maison sont partis, pas  de gaité de cœur, certe, mais parce qu'après avoir  traités humainement par MM. Dupont et Dreyfus, ils ne  pouvaient supporter le despotisme de M. Fould.
          ..Et beaucoup de ceux qui demeurent, ne patientent qu'en raison de  la retraite, qu'on leur fait attendre longtemps après la  limite arrêtée par les fondateurs de la maison.
          ..M.Fould parle de sa caisse de retraite. Ce n'est pas lui qui l'a  créée, mais bien M. Dupont, que les ouvriers ne sont  pas prêts de ne plus regretter!
          ..M.Dupont était aimé, car il était généreux.  Mme Dupont, non moins généreuse, a laissé une  somme importante pour la caisse de maladies; et cependant,  aujourd'hui, on accorde les médicaments qu'avec parcimonie. On  dit que la caisse est vide.
          ..M.Dupont fils était aussi aimé que son père  et sa mère. Il s'est retiré de l'usine, navré  des procédés impératifs de son beau-frère,  M. Fould.
          ..La caisse de retraite que M. Fould vante si fort, avait été  établie pour les anciens travailleurs. Mais on ne saurait trop  le répéter, ces vieux serviteurs s'en vont, rebutés,  et leur retraite es perdue (pas pour tout le monde).
          ..Ainsi, veut-on des exemples?
          ..Récemment, deux des plus honorables employés de la  maison l'abandonnaient.
          ..M.Sibeux, chef d'expéditions, après vingt neuf ans  de service;...
          ..M.Michel, contre-maître, après trente six ans de  service;...
          ..Ce dernier est âgé de soixante huit ans. Tous deux  étaient conseillers municipaux de Pompey. A qui fera-t on  croire que, parvenus au terme d'une modeste mais honorable carrière,  ces deux bons employés se sont presque expatriés par  plaisir ou par amour du changement? (Ils travaillent maintenant à  Saint-Nazaire).
 ..Non, ils ne demandaient qu'à terminer leurs jours au pays,  où ils jouissaient de l'estime générale.
          ..S'ils sont partie, écœurés, c'est que la direction  leur rendait la vie insupportable.
..Et par qui M. Fould remplace-t-il les vieux collaborateurs de son beau-père. PAR DES BELGES!
..L'usine de Pompey fourmille d'étrangers.
* * *
 ..M.Fould a installé un économat, mais les ouvriers  ne lui en savent aucun gré, car une baisse de quinze pour cent  sur les salaires a correspondu à cette création.
          ..On vend de tout et à tous dans cet économat qui ne  paie pas patente et fait ainsi une déloyale concurrence au  petit commerce.
          ..Car l'économat vend à tout le monde. Un Nancéen  en villégiature, peut y aller acheter une voiture d'enfant, on  la lui vendra.
* * *
 ..Nous en aurions à dire jusqu'à demain, et sur le  fonctionnement de l'économat, et sur la caisse des récompenses  (dont ne bénéficient que ceux qui à force  d'humilité plaisent à M. Fould) et sur le dévouement  du maître de forges aux intérêts généraux.
          ..En fait d'intérêts généraux, M. Fould  soigne les siens propres. S'il veut être conseiller  général, c'est d'abord par vanité, par  ostentation; c'est ensuite dans l'espérance de voir terminé  à son profit, certaines affaires comme celle du chemin  entre Custines et Frouard – chemin dont M. Fould s'est annexé  une partie.
          ..M.Fould écrase le pays. Les anciens habitants de Pompey  ont été chassés du conseil municipal et  remplacés par des employés de l'usine.
          ..Sur seize conseillers municipaux, quatorze sont des employés  de M. Fould et les deux autres figurent dans le conseil pour ainsi  dire malgré eux. M. Fould a fait mettre d'autorité  leurs noms sur sa liste et comme l'un deux protestait, on lui  répondit: « Nous avons besoin de vous à cause de  votre popularité au village, et nous vous portons malgré  vous.»
          ..Quant à l'autre conseiller municipal du pays, M. Fould l'a  fait élire pour le bombarder adjoint, afin que le maire (qui  n'est autre que le directeur de l'économat) puisse se  décharger sur lui de la plus grosse partie de la besogne  administrative. De la sorte, les employés de M. Fould n'ont à  consacrer aux affaires communales aucune parcelle du cher ... à  leur maître.
          ..Pour élire ce conseil municipal de Pompey, les ouvriers  ont dû voter sous l'œil de surveillants désignés  spécialement par M. Fould. Les électeurs n'étaient  pas libres. On leur a remis un bulletin et malheur à celui qui  l'aurait échangé contre un autre!
..Étonnez-vous si, après cela, les ouvriers exaspérés, ont voté en masse pour M. Gabriel! C'était leur revanche. C'était leur manière de protester contre la tyrannie qu'ils subissent.
..M.Fould est un auteur responsable du boulangisme dans notre contrée. Par sa dureté, il a poussé à bout son personnel. M. Fould se dit républicain! Dieu nous garde de voir aux affaires lui et ceux qui lui ressemblent, car s'en serait fait de la République et les haines sociales seraient irrémédiablement déchaînées.
* * *
..Nous attendons dimanche pour savoir si, cette fois comme aux  élections municipales, M.Fould dictera impérativement le vote des ses ouvriers, EN SA FAVEUR.
          ..Il a tout en mains: le bureau ne sera-t-il pas formé de ses  conseillers municipaux à la dévotion de leur maître?  Gare à ceux dont le bulletin paraîtra être imprimé  sur un autre papier que celui blanc mat fort employé  pour la confection des bulletins Fould.
 
        
* * *
 ..On nous demande pourquoi, à ses qualités, M.Fould,  sur ses affiches, n'a pas joint le titre de président du  consistoire israélite?
          ..Peut-être n'a-t-il pas osé... Il n'ignore pas, en  effet, que son extravagante candidature est blâmée par  la plupart de ces coreligionnaires; tous les israélites  sérieux et intelligents regardent comme une calamité la  candidature Fould.
          ..Au surplus, M.Fould ne craint pas de froisser les sentiments  religieux des israélites. Il est allé rendre visite aux  curés et à plusieurs personnages légitimistes.
..M.Fould ne mérite pas l'honneur qu'il brigue.
..M.Fould n'a ni religion ni opinion politique. Il est « Fouldiste » et cela lui suffit.
..Cela ne suffit pas aux électeurs. M.Fould sera légitimement battu et personne ne le plaindra.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 26 juillet 1891:
Les procédés de M. Fould.
 ..Nous recevons de toutes parts des lettres accablantes pour M.  Fould. A l'heure où nous sommes arrivés, il nous est  impossible de publier tous ces documents, qui formeraient le plus  redoutable  acte d'accusation qu'on puisse imaginer.
          ..On demande pourquoi M. Fould ne parle pas de la taxe sur les  ouvriers étrangers. C'est qu'il emploit lui même une  masse de Belges.
          ..On proteste contre l'assertion de M. Fould, prétendant qu'à  son économat le pain coûte moins cher qu'à Pompey  même.
          ..En réalité, jusqu'à ces derniers temps, les  boulangers de Pompey vendaient le pain 1Fr.50 les quatre livres et M.  Fould faisait payer 1Fr.55.
          ..Cependant mieux qu'un simple boulanger, l'économat pouvait  vendre meilleur marché, puisqu'il achéte la farine par  quantité.
* * *
 ..M.Fould fait imprimer que « le maître de forge de  Pompey » a organisé une caisse de retraites.
        C'est faux. M. Fould n'a rien organisé du tout. La caisse de  retraite a été fondée par MM. Dupont et Dreyfus  en faveur des employés et contremaîtres et  M. Fould n'a pas ajouté un centime aux sommes versées  par ses prédécesseurs.
        ..Si M. Fould avait été un démocrate, il aurait  étendu le bénéfice de la caisse aux ouvriers.
        ..Il s'en est bien gardé.
        ..M.Fould parle de la caisse des récompenses. Mais  celle-ci, à laquelle il n'a jamais versé un liard, a  été fondée vers 1866 – vingt ans avant que  M. Fould ne fut maître de la maison - sur l'initiative de Mme  Dupont.
* * *
 ..M. Fould à Frouard.
          ..M. Fould fait imprimer que vendredi soir, à Frouard, salle  Bissière, il a parlé devant onze cents électeurs.  Mais la salle Bussière ne peut loger que cinq cents personnes.
          ..Vendredi, cette salle était en effet remplie, mais par cinq  cents personnes, comprenant:
          ..Tout l'état-major de l'usine;
          ..Beaucoup d'ouvriers venus par ordre.
          ..M. Fould fait imprimer qu'il a été acclamé.  Les subordonnés ont en effet crié Vive Fould !  Dans la salle, sous les lumières, sous l'oeil du  patron, mais dehors, ils se sont empressés de crier: A bas  M. Fould !
 
        
L'EST REPUBLICAIN du lundi 27 juillet 1891:
résultat des élections au conseil général du 26 juillet pour le canton nord de Nancy.
- 
            
M. SAUCE : 2778 voix
 - 
            
M. SOULARD : 1090 voix
 - 
            
M. FOULD : 849 voix
 
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 29 juillet 1891:
Pompey
..Dimanche soir, à six heures, un marinier, âgé  de soixante dix ans, nommé Jean-Baptiste Stéphany,  avait traversé, dans une barque, le canal pour aller chercher  de l'eau à la pompe de l'usine.
          ..En descendant l'escalier du dock pour remonter sur la barque, le  malheureux est tombé à l'eau, probablement en proie à  une attaque qui lui arrivait souvent, dit son fils. Quand ce dernier  s'est mis à sa recherche, il n'a trouvé qu'un cadavre.
          ..Ce vieillard, originaire du Luxembourg, a été  reconduit dans son pays. 
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 4 août 1891:
Cour d'assises de Meurthe et Moselle
.....Audience du lundi 3 août 1891
Présidence de M.Luxer, assesseurs: MM Luxer, Germain.
        Première affaire. - Coups mortel. - Joseph-Adolphe Cuny,  manoeuvre à Pompey.
        Ministère public: M.Paillot; défenseur: Me Terraux
 
        
L'ACCUSÉ
 ..Cuny, âgé de trente cinq ans, ouvrier à  l'usine de Pompey, où il était employé  principalement à la pose des voies de chemin de fer servant à  conduire les scories.
          ..D'assez grande taille, l'accusé a les cheveux noirs, la  figure maigre, le nez busqué, les yeux enfoncés dans  l'orbite, tout indique un caractère énergique. Il porte  la moustache et la mouche. Il est vêtu d'un complet en drap de  couleur assez sombre.
 
        
ACTE D'ACCUSATION
 ..Le 22 mai 1891 quelques ouvriers des forges de Pompey ayant  offert, au machiniste Beauguitte, une bouteille de vin à  l'occasion de sa fête, celui-ci voulut, pour se reconnaître  cette prévenance, remettre à l'accusé une pièce  de cinq francs destinée à acheter des boissons pour lui  et ses camarades. Cuny refusa longtemps de conserver cette pièce;  il a toujours prétendu l'avoir replacée dans une poche  du gilet de M.Beauguitte.
          ..Pendant toute l'après-midi, il but d'une façon  excessive avec ses compagnons. A six heures moins le quart tous se  trouvaient dans un état visible de surexcitation.
          ..A ce moment une discussion s'éleva entre Beauguitte et  Cuny, à qui le premier demandait compte de la pièce de  cinq francs qu'il croyait lui avoir remise. Une violente querelle  s'ensuivit et Beauguitte, après avoir traité l'accusé  de voleur, se livra sur lui à des voies de fait.
 ..Sous l'empire d'une violente irritation, Cuny regagna à la  hâte, en proférant des menaces de mort, le logement  qu'il occupait à Frouard, se munit de son révolver et,  malgré les supplications de sa femme qui s'efforçait de  le retenir, se dirigea à grands pas du côté de  Pompey où il comptait retrouver son ennemi.
          ..Ne l'ayant pas rencontré sur le tas de scories où  avait eu lieu leur discussion, il partit pour Custines où  logeait Beauguitte. A sept heures du soir, il aperçut enfin  celui-ci sur la route, à 100 mètres environ du village.  « Est-ce vrai? » s'écria-t-il en l'abordant.  Beauguitte répondit: « oui » Cuny tira sur ce  dernier un coup de révolver en disant: « Tiens, voilà  pour ta pièce de cent sous! » Le malheureux mécanicien  s'affaissa, blessé au cou par une balle qui atteignit la  moelle épinière.
        ..Transporté immédiatement à l'hospice de  Pompey, il succomba le lendemain, à dix heures du soir. ..Cuny  son crime accompli, revint ses ses pas, alla se livrer à la  gendarmerie de Frouard.
..Il n'a pas d'antécédents judiciaires et les renseignements qui ont été recueillis sur sa conduite habituelle lui sont favorables.
 
        
L'INTERROGATOIRE
 ..Cuny répond d'une voix ferme aux questions qui lui sont  posées. Il se défend d'une façon assez habile;  tout en reconnaissant les faits, il déclare ne plus se  souvenir des faits de préméditation.
          ..Les premières questions, se rapportant à la famille  Cunyn sont sans importance. L'accusé a servi en Tunisie où  il a fait campagne.
          ..Au cours de l'instruction, il avait déclaré avoir  été atteint d'une insolation, mais un témoin  ayant démenti le fait, Cuny reconnut qu'il avait eu seulement  une maladie d'yeux, assez commune aux Européens arrivant dans  les pays chauds.
          ..A propos de la scène du meurtre, Cuny déclare  n'avoir pas voulu tout d'abord accepter l'argent que Beauguitte  voulait donner pour répondre aux avances que les ouvriers lui  avaient faites en lui offrant, à l'occasion de sa fête,  un bouquet et un litre de vin.
          ..Beauguitte, ne voyant pas venir les boissons, demanda son argent  à Cuny, qui répondit avoir placé la pièce  dans la poche du gilet de son interlocuteur.
          ..Cuny prit alors une attitude provocante, relevant les manches de  sa chemise comme pour se battre.
          Beauguitte le poussa et Cuny, qui allait tomber, dut se maintenir  après le levier d'une aiguille de la voie.
          ..M.le président demande à l'accusé si, à  ce moment, il n'a pas dit à un ouvrier: « Votre  machiniste ne restera plus longtemps sur sa machine, car demain il  sera remplacé. »
          ..L'accusé répond qu'il ne se souvient plus, car il  était ivre.
        ..D - Après cette discussion, vous vous êtes rendu en  toute hâte à votre domicile; vous avez pris votre  révolver. Était-il chargé?
        ..R. - Non.
        ..D - Votre belle mère a entendu que vous répétiez  sans cesse le nom de prussiens.
        ..R. - Je ne m'en souviens plus.
        ..D- Vous chargez votre révolver et votre femme, vous voyant  dans un état de surexcitation, vous barre le passage, en vous  prenant à bras le corps. Vous faites alors le simulacre de  vouloir sauter par la fenêtre, et votre épouse, devant  votre air décidé, vous a laissé partir. Mais  elle vous a présenté votre enfant, espérant que  vous ne partiriez pas. Vous avez alors dit: « Je me moque de  vous ».
        ..L'accusé fait la même réponse que tout à  l'heure. Il se rendit ensuite sur le crassier, espérant  retrouver Beauguitte, qui était parti.
        ..D - Vous vous êtes rendu ensuite à Custines où  vous saviez que Beauguitte demeurait.
        ..R. - J'ignorais ou il restait.
        ..Sur le chemin, Cuny fit la rencontre d'une jeune fille qui cria  pour prévenir Beauguitte.
        ..L'accusé dit à cette jeune fille de ne pas aller  plus loin; ayant rattrapé Beauguitte, il lui tira un coup de  révolver, et, sans s'occuper de sa victime, il se rendit  aussitôt à la gendarmerie.
        ..A la fin de l'interrogatoire, cuny pleur lorsque le président  lui fait remarquer l'odieux de son acte criminel.
 
        
LES TEMOINS
 ..Les témoins sont au nombre de quinze à charge; six  sont appelés par la défense.
          ..Alphonse Paquy, maréchal des logis de gendarmerie à  Frouard, déclare que le 22 mai Cuny s'est présenté  à la caserne de gendarmerie, disant: « Je viens de tuer  un homme sur la route de Custines. Il ne sera pas dit qu'un Prussien  me traitera de voleur. »
          ..Après avoir déposé Cuny à la chambre  de sûreté, il se rendit vers Custines où il vit  plusieurs hommes transportant à l'hospice le corps de  Beauguitte.
          ..Le lendemain, il interrogea la victime, qui lui répondit:  «  Jamais je n'ai menacé Cuny ».
          ..Le révolver dont s'est servi l'accusé est présenté  au témoin qui déclare que la détente est rès  douce et que l'arme est un révolver d'ordonnance.
          ..M.Backenbach assure que l'accusé, lorsqu'il s'est présenté  à lui, était très surexcité par la  boisson et par la colère. Il donne de bons renseignements sur  Cuny et Beauguitte.
          ..M.Renaud, ouvrier aux forges de Pompey, rapporte que les ouvriers  du crassier, ayant offert à Beauguitte un bouquet et des  boissons à l'occasion de sa fête, il s'est livré  pendant toute l'après-midi à des libations. Au moment  où la discussion s'est engagé, tout le monde était  légèrement ivre.
          ..Il déclare que Beauguitte était plus grand et plus  fort que Cuny.
..Charles Tavarre, ouvrier galochier, le jour du crime, ramassait des escarbilles sur le crassier; il a vu offrir le bouquet à Beauguitte; celui-ci a alors donné une pièce de 5 fr. à Cuny; celui-ci refusa disant qu'il n'avait pas besoin d'argent. Enfin il accepta et peu après Beauguitte lui demanda compte de l'argent. Cuny lui répondit qu'il avait remis la pièce dans la poche de son gilet. Beauguitte fouilla et répondit que cela n'était pas. Une discussion s'engagea; Cuny ôta sa blouse et son gilet et provoqua Beauguitte. Celui-ci empoigna Cuny et le jeta une première fois par terre, mais il se releva; il allait être de nouveau renversé lorsqu'il se retint au levier d'une aiguille de la voie. Le témoin est allé chercher plusieurs fois des boissons.
 ..Charles Antoine, poseur aux forges à Frouard affirme que  Cuny a interpellé Beauguitte, parce que celui-ci laissait  traîner la chaîne d'attache des wagons et que cela  l'obligeait à remettre la voie en état. Il retrace la  scène de violence entre Cuny et Beauguitte; il a entendu Cuny  dire: « Demain Beauguitte ne sera plus sur la machine. »
          ..Il reconnaît que l'accusé était ivre; il  ajoute que l'accusé était d'un caractère fier.
..Charles Dapremont, ouvrier aux forges de Pompey, a assisté à la première scène entre Cuny et Beauguitte, il a entendu le propos relaté par Antoine.
..Alexandre Poirot, accrocheur à Pompey, a vu les scènes qui se sont passées le 22 mai. Il a rencontré Cuny lorsqu'il allait à la gendarmerie; celui-ci lui a dit: « Ton machiniste ne te coupera plus les doigts; je viens de lui brûler la cervelle. »
..François Schmitt, âgé de treize ans, était sur le crassier, il a vu Cuny qui suivait la locomotive et qui disait: « Tu ne passeras pas la nuit. »
..Cuny déclare ne plus se souvenir de rien.
..Eugénie Decker, âgée de quatorze ans, confirme les faits déclarés par les précédents témoins.
 ..Catherine Cuny, femme de l'accusé, parle à voix  basse. Le président est obligé de lui lire sa  déposition. Elle répond par oui et par non. Le jour du  crime, voyant son mari rentrer dans un état de surexcitation,  elle voulut l'empêcher de sortir de son domicile. Mais en  présence de l'impuissance de ses efforts, elle prit le parti de le suivre, car elle soupçonnait  un malheur. Elle a vu tirer le coup de révolver, et, lorsque  son mari a passé à près d'elle , elle lui dit:  « qu'as-tu fait? Tu n'as pas pensé à ton  enfant. » Cuny lui répondit: « Je me f... de  toi. »
          ..Mme Cuny donne de bons renseignements sur son mari, qui était  un modèle de bonne conduite et qui ne s'enivrait jamais.
 ..Mme Braun, femme de Jeandel, belle-mère de l'accusé  a entendu Cuny dire à haute voix: « Prussien ! Prussien  ! Il m'a traité de voleur! »
          ..Ces paroles s'adressaient à Beauguitte. Son gendre était  dans une grande surexcitation. Elle donne de bons renseignements;  jamais elle n'a eu à se plaindre de lui.
 ..L'accusé, pendant la disposition de sa femme est affaissé;  il pleure à chaudes larmes.
      Sur la demande du président, pour savoir si la scène  s'est bien passée telle qu'elle est racontée, il répond:  « oui, puisque m'a femme le dit » et il se remet à  pleurer.
            ..La femme, à son tour, ne peut retenir ses larmes,  l'huissier est obligé de la conduire à sa place.
..Juliette Marbacque, rempailleuse de chaises à Frouard, a rencontré Cuny lorsqu'il était à la poursuite de Beauguitte, l'accusé lui a dit en voyant qu'elle se tournait pour prévenir la victime: « Tais ta g... et ne dépasse pas les bornes! »
 ..Aimé Toussaint, pêcheur à Custines, était  dans les près à une distance d'environ soixante mètres  de Beauguitte, lorsqu'il fut rejoint par l'accusé. Il l'a  entendu crier à sa victime: « Est-ce vrai? Est-ce bien  vrai? » je l'ai vu mettre en joue Beauguitte, et tirer un coup  de revolver en disant: « Tiens! Voilà ta pièce  de cent sous ! »
          ..Le témoin a aperçu de loin, Cuny qui s'avançait  en faisant de grands gestes.
          Beauguitte satisfait un besoin naturel et, au moment où il  fut rejoint, il déboutonnait son pantalon et il n'a pas  provoqué Cuny.
        ..L'accusé, interrogé sur la déclaration de  Toussaint, déclare que Beauguitte s'est avancé vers lui  en le menaçant.
        ..Toussaint, maintient sa déclaration et dit que Beauguitte  se relevait à peine du fossé lorsqu'il a été  rejoint. La victime est tombée dans le fossé  lorsqu'elle a été atteinte.
..Désiré Toussaint, vingt deux ans, pêcheur à Custine, était sur le pont de la Moselle, a entendu le coup de revolver; portant les yeux dans la direction, il a vu la victime tomber. Il ne voulu pas croire à un crime et ce n'est que lorsque son frère est venu vers lui qu'il s'est approché de Beauguitte accompagné de son père qu'il avait appelé, et l'ayant reconnu il lui demanda ce qu'il avait. La victime lui dit: « Je suis tué par Cuny. » Peu après, s'adressant au père du témoin: « Eugène, prends l'argent de mon mois et porte-le à ma pension. »
..Joseph Perrin, maire de Frouard, fournit de bons renseignements sur Cuny, qui a été garde-champêtre de 1887 à 1889. Jamais il n'a eu à se plaindre de ses services, jamais il ne la vu en état d'ivresse.
..M. Claude, docteur en médecine à Pompey, donne des détails sur la blessure ayant entraîné la mort de Beauguitte.
..Avant que les témoins à décharge soient appelés, M.Paillot lit plusieurs dépositions de témoins entendus au cours de l'information. Tous sont favorable à Beauguitte.
..Pierre Parisot, boulanger à Frouard, parle de l'accusé en termes excellents mais le représente comme un homme d'un caractère fier.
..M. Trottman, marchand de vin à Frouard, dépose en faveur de Cuny.
..Xavier Maufrey, parent très éloigné de l'accusé, l'a vu très surexcité quelques instants avant le crime. D'après lui, Beauguitte était vantard et taquin.
..Charles Georges, surveillant à l'usine, déclare que Cuny était l'homme de confiance de l'usine; il remplaçait les gardes de nuit lorsque l'un d'eux s'absentait.
..Il apprend que Beauguitte, pendant un moment, n'acceptait pas, volontiers les ordres donnés.
..M. Didelon, à Frouard, habite la maison où restait Cuny; d'après lui, Cuny était le modèle des maris.
..Charles Laurent, à Dieulouard, a fait la campagne de Tunisie avec Cuny. Il sait qu'il a été malade, mais ne peut se prononcer sur cette maladie.
..Me Terraux lit plusieurs dépositions de témoins entendus par la gendarmerie. Tous représentent l'accusé comme un homme sobre.
..Avant le réquisitoire, Me Terraux pose des conclusions tendant à ce qu'il plaise à la cour de considérer qu'il y a eu provocation de la part de Beauguitte.
..La cour décide que la question de provocation sera soumise au jury.
 
        
LE REQUISITOIRE
..Me Paillot, dans son réquisitoire, retrace les principales scènes du crime: l'accusé célébrant la fête de celui qui fut quelques instants après sa victime; la dispute, Cuny allant chez lui, armant son revolver, se mettant à la poursuite de son adversaire, à l'usine d'abord, puis se souvenant qu'il habite Custines, se dirigeant vers cette localité, le rejoignant et accomplissant son acte de vengeance. Il espère que le jury acceptera le question de préméditation, car Cuny n'a cessé, depuis le moment où Beauguitte l'a jeté à terre, de tenir des propos indiquant le but de tuer son contradicteur. Il demande au jury de rapporter un verdict affirmatif afin d'empêcher les querelles qui entraînent si souvent mort d'homme. Il ne s'oppose pas à l'admission des circonstances atténuantes.
 
        
LA DEFENSE
 ..Me Terraux, retrace la vie toute de probité de son client;  il le montre faisant son service de soldat en Tunisie, revenant en  France où il se remet à travailler pour nourrir ses  vieux parents. Arrivant à la scène du crime, il établit  la provocation, la colère de Cuny grandissant et lui faisant  oublier son sens commun.
          ..Ce n'est pas dans un moment de raison que Cuny a tué,  c'est sous l'empire de la folie. Dans sa famille, un de ses oncles a  dû être conduit à la maison de santé. Il  cite l'exemple de Lalance, le meurtrier de Gondreville, qui, peu de  jours après l'exécution de Meunier, perdait la raison  et devait être conduit à l'asile d'aliénés.
          ..Il espère du jury un verdict d'acquittement en faveur de  Cuny, qui est attendu patiemment par les siens, car il est le seul  soutien d'une mère aveugle, d'une femme mère d'une  pette fille et bientôt d'un autre enfant.
          ..Lorsque Me Terraux s'assied, le public ne peut retenir des  marques d'approbation; les huissiers imposent le silence.
LES REPLIQUES
 ..M.Paillot réplique en demandant au jury de ne pas oublier  qu'il y a un meurtre méritant un châtiment. Il ne  s'oppose pas à ce que l'on tienne compte des bons antécédents  de l'accusé.
          ..Me Terraux répond. Il cherche à prouver à  nouveau qu'il n'y a pas eu préméditation. M. le  procureur de la République avait renvoyé Cuny devant la  cour d'assises comme coupable de meurtre. C'est la chambre des mises  en accusation qui qualifia le crime d'assassinat.
 
        
LE VERDICT
 ..Le jury se retire dans sa salle des délibérations à  six heures quarante-cinq; la femme de Cuny se trouvant dans la salle,  demande grâce au jury.
          ..Le jury revient à sept heures dix, rapportant un verdict  affirmatif sur la question d'assassinat, négatif sur la  question de préméditation et affirmatif en ce qui  concerne la provocation.
..Me Terraux demande, avant le prononcé du jugement, que la cour accorde pour son client le bénéfice de la loi Berenger.
..La cour condamne Cuny à la peine de trois ans de prison.
..L'audience est levée à sept heures et quart.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 6 août 1891:
Cour d'assises de Meurthe et Moselle.
 ..L'affaire Cuny
          ..Les jurés faisant partie du jury dans  l'affaire Cuny, ont signé un recours en grâce en sa  faveur.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 7 août 1891:
Épilogue inattendu de l'élection du canton nord.
 ..Chaque année, M. Fould prend des vacances, ce qui n'a rien  que de naturel. Ce voyage est connu plusieurs semaines à  l'avance par les employés qui sont invités à  présenter pour le 5 août une demande d'augmentation,  s'ils estiment en avoir mérité une.
          ..Les augmentations accordés ne sont jamais bien fortes. Mais  enfin, les petits ruisseaux font les grandes rivières, cent  sous de plus par mois, cela aide tout de même un ménage.  Cette année, il n'y aura pas de cent sous.
          ..Nous apprenons que M. Fould est parti subitement samedi, pour les  eaux, sans avoir prévenu personne.
          ..Cependant les électeurs de l'usine de Pompey avaient voté  pour le patron.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du lundi 10 août 1891:
Pompey
..Dans l'après-midi de samedi, le sieur Laubecker, ouvrier aux usines, a eu un pied assez grièvement brulé par de la fonte en fusion.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 13 août 1891:
Pompey
..Deux individus disant se nommer Auguste Julien et Auguste Thierry, manœuvre à Pompey, ont été surpris par le garde champêtre de Frouard, en flagrant délit de vol de pommes de terre au préjudice de M. Dolveck, ouvrier à Pompey.
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 18 août 1891:
Pompey
..Dimanche, à trois heures et demie, a eu lieu la  distribution des prix aux élèves des  écoles  communales de Pompey.
          ..Une nombreuse assistance est venue témoigner de l'intérêt  qu'elle porte à l'enseignement.
          ..L'excellente fanfare, sous l'habile direction de son chef, M.  Hentz, a joué ses plus beaux morceaux et les élèves,  les garçons du moins, ont exécutés  deux chants  patriotiques très bien enlevés.
          ..M.Pierron, directeur de l'école des garçons depuis un  	an, dans un discours concis et des plus énergiques, a montré  	aux enfants, garçons et filles, les résultats d'un  	travail ferme et suivi. Parlant de Drouot et d'Edison, il a, en des  	termes qui nous font regretter de ne pas pouvoir reproduire son  	discours, excité ses élèves au travail, qui  	seul peut procurer aujourd'hui l'aisance et même la richesse;  	par une comparaison de la France républicaine avec la France  	monarchique d'antan, il a catégoriquement démontré  	que le travail est devenu aujourd'hui la cause primordiale des  	relèvement de notre patrie.
          ..Ces assertions si vrais ont été applaudies par tous  et chaque assistant est parti enchanté de cette fête qui  avait réuni ouvriers et vignerons, contre-maître et  employés.
 
        
..Samedi, jour de la fête du faubourg de Frouard, un ouvrier de Pompey, brave garçon à jeun, mais «brisac» quand il a bu, a dû être enfermé dans la chambre d'amis de la gendarmerie de Frouard, dès neuf heures du matin, pour avoir brisé tout ce qu'il y a pu toucher dans le café Hommentier, de Frouard.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 20 août 1891:
Concession
..Par une pétition en date du 3 juillet, M.  Rogé Xavier, administrateur-directeur de la Société  anonyme des hauts-fourneaux et fonderies de Pont-à-Mousson,  dont le siège social est à Pont-à-Mousson,  propriétaire de la concession des mines de Marbache, d'une  étendue de 588 hectares, instituée par décret du  16 janvier 1858 sur les communes de Marbache et de Pompey,  arrondissement de Nancy, sollicite, au nom de ladite Société,  une extension de cette concession sur les communes de Marbache et de  Belleville, arrondissement de Nancy, d'une étendue  superficielle de 3 kilom. Carrés 69 hectares. Cette demande en extension fait en partie concurrence à la  demande en concession du 3 avril 1891 de la Société  Vezin-Aulnoye.
          ..La Société des hauts-fourneaux et fonderies de  Pont-à-Mousson est déjà propriétaire,  indépendamment de la concession de Marbache, des concessions  suivantes de mines de fer, toutes situées dans le département  de Meurthe et Moselle:
- 
            Custines, communes de Custines, Malleloy et Faulx, arrondissement de Nancy, d'une étendue de 201 hectares, instituée par décret du 16 août 1867;
 - 
            Auboué, communes de Briey, Moutiers, Joeuf, Auboué et Homécourt, arrondissement de Briey, d'une étendue de 671 hectares, instituée par décret du 11 août 1884;
 - 
            Vieux Château, communes de Custines et Millery arrondissement de Nancy, d'une étendue de 153 hectares, instituée par décret du 17 août 1888.
 
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 22 août 1891:
Ludres
..Pendant l'ouragan de mardi un des garçons de M.  Nicolas Deutsch, chargé de l'entreprise des transports des  wagons de minerai de la gare aux mines, s'était réfugié  dans une petite baraque, laissant sur la voie ses deux chevaux  attelés à un wagon de minerai.
          ..Le vent soufflait avec une extrême violence soulevant  d'énormes tourbillons de poussières. Les chevaux  prirent peur et, après avoir brisé la chaîne qui  les retenait au wagon, s'élancèrent affolés sur  la voie.
          ..Une locomotive, se dirigeant sur Pont-Saint-Vincent, arrivait au  même moment. Le cheval de devant fut tamponné et  horriblement mutilé. Par suite du choc qui s'était  produit, l'autre cheval fut entraîné et eu une des  jambes prises dans les roues du tender, et fut coupée net. La  pauvre bête alla rouler dans le ravin, très haut à  l'endroit où l'accident s'est produit.
          ..M. Deutsch estime à environ 2,800 Fr. la perte qu'il  éprouve.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 27 août 1891:
Ludres
..M. Alphonse Louis, âgé de 23 ans, mineur,  travaillant à la mine de la Société des Forges  du Nord et de l'Est, a été tué par un bloc de  roche du poids de 2,500 kilogrammes, qui est tombé sur lui.
          ..On suppose qu'un bloc de minerai, en roulant aura fait tomber la  poutre , soutenant le plafond, ce qui aura occasionné la chute  de ce bloc.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 1er septembre 1891:
Pompey
..M. Léon Arnould, demeurant à Ville-au-Val,  travaillant à l'usine de Pompey, conduisait un wagonnet au  monte-charge, lorsqu'ayant glissé, il voulu se retenir au bec  du wagonnet; mais le poids de son corps le fit basculer et la charge  lui tomba sur le corps.
          ..Relevé par ses camarades, il fut transporté à  l'hospice où l'on constata qu'il avait la cuisse droite  cassée.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 3 septembre 1891:
..MM Georges Kongs et Adolphe Dherog, ouvriers aux forges de Pompey, avaient accroché leurs montres dans une armoire placée sur le chantier et servant à mettre leurs vêtements. Le lendemain, lorsqu'ils quittèrent le travail, ils s'aperçurent qu'elles avaient été volées.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 5 septembre:>
Marbache
..Le jeune Pierre Gerdin, âgé de 14 ans,  manœuvre à la mine, égalisait le minerai sur les  wagons. Lorsqu'il eut terminé son travail, il descendit et  voulu décrocher un wagon. Ne pouvant y parvenir, il se  retirait lorsqu'il fut pris entre les deux tampons.
          ..Quelques ouvriers accoururent à son secours et le  transportèrent chez sa mère. Il expira au bout de trois  heures.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 9 septembre 1891:
Concession de mines
 ..Nous avons publié, il y a quelque temps, une demande de  concession des mines de fer de Marbache faite par la société  anonyme des hauts-fourneaux et fonderies de Pont-à-Mousson.
          ..La concession est accordée. Le journal officiel du 8  septembre en publie le texte qui sera affiché dans les  communes de Nancy, Pont-à-Mousson, Marbache, Belleville,  Pompey, Custines, Malleloy, Faulx, Millery, Briey, Moutiers, Joeuf,  Auboué, et Homécourt.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du jeudi 10 septembre 1891:
..Procès verbal a été dressé au nommé Emile Thierry, forgeron de Pompey, pour bris d'un panneau de la porte de M. Pailler, aubergiste, et pour insultes à ce dernier.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du 27 septembre 1891:
..Des malfaiteurs restés inconnus ont pénétré, à l'aide d'escalade et d'effraction, dans un bal installé à Pompey et y ont dérobé des liqueurs pour une somme de 32 Fr. . M. Rivière de Nancy, propriétaire du bal, a porté plainte à la gendarmerie.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 30 septembre 1891:
Pompey
..M. Charles Goux, manœuvre à l'usine Fould, était  occupé à décharger un wagon de ferrailles en  compagnie de deux autres ouvriers.
          ..En voulant jeter   à terre une plaque de fonte pesant environ  100 kilogs, Goux glissa et la plaque lui tomba sur la jambe qui fut  fracturée.
          ..M. Goux, qui est âgé de 51 ans, a été  transporté à l'hospice, où M. le docteur Claude  a déclaré que l'incapacité de travail serait  d'environ trois mois.
..La gendarmerie de Frouard a dressé procès-verbal à sept individus habitant Frouard et Pompey, qui ont dérobé des fruits au préjudice de plusieurs habitants de Bouxières-aux-Dames.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 4 octobre 1891:
..M. le préfet de Meurthe et Moselle a nommé instituteur, sur la proposition de M. l'inspecteur d'Académie: .... à Pompey, M. Grosjean, ....
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 13 octobre 1891:
..Le nommé Laché, puddleur à Pompey, a été surpris par le garde-champêtre, pêchant à la main dans la Meurthe. Procès-verbal a été dressé.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 27 octobre 1891:
Pompey
..M. François, forgeron, sortait, vers minuit; du café du Centre, lorsqu'un individu chercha à le frapper. M. François se défendit; alors plusieurs individus arrivèrent, le renversèrent, lui portèrent des coups de pied et des coups de poing et lui fracturèrent l'épaule gauche.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 31 octobre 1891:
Pompey
..M. Thierry, cultivateur, en entrant à son écurie,  s'aperçut qu'il n'y avait plus d'huile dans la lampe. Mme  Thierry se rendit à la cuisine pour aller en chercher. Elle se  trompa et prit un litre d'essence de pétrole: lorsqu'elle vida  le liquide dans la lampe il s'enflamma.
          ..Mme Thierry jeta le litre sur le pavé de l'écurie  et le feu se communiqua à la litière. Aux cris poussés  les voisins accoururent et éteignirent le feu.
          ..Les dégâts sont sans importance.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 7 novembre 1891:
 ..La femme B., de Pompey, mère de trois enfants, dont l'un  âgé de six mois, subjuguée par les grâces  de l'un des ses pensionnaires, s'est enfuie avec celui-ci.
          ..Le mari, pas du tout content, a porté plainte au parquet  contre sa volage épouse et contre le séducteur  d'icelle.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 11 novembre 1891:
..La gendarmerie de Frouard a arrêté le sieur Martin Buttermann, âgé de dix huit ans, sans profession, demeurant en dernier à Lanterbach (Alsace-Lorraine), qui s'est présenté à l'auberge Collinet à Pompey et s'est fait servir à manger. Pour coucher il s'est fait inscrire sous le nom de Antoine Herber. Cet individu était dans l'impossibilité de payer.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 13 novembre 1891:
Custines
..Mardi, le sieur Charles Petitjean, âgé  de trente trois ans, mineur à Custines, était occupé  à briser un bloc de minerai quand un coin d'acier, violemment  projeté, est venu l'atteindre au menton et l'a renversé  sur un pelle qui lui a fait une forte blessure à la tête.
          ..Ce malheureux a   été transporté à  l'hospice, car il a le menton complètement emporté.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 14 novembre 1891:
Pompey
..Jeudi, le sieur Victor Viriot, ouvrier à Pompey, est tombé dans une carrière. Dans sa chute, il s'est fait une assez forte blessure dans le dos, et il a eu une jambe cassée.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 20 novembre 1891:
 ..M.François Delesse, forgeron à Pompey, a porté  plainte contre M. Camille Thévenin,manœuvres à  Frouard, qui, sans aucune provocation, l'a frappé d'un coup de  bâton à la tête.
          ..M.Thévenin prétend avoir été insulté  par son adversaire.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du samedi 21 novembre 1891:
Pompey
..M. Louis Viriot, forgeron, était allé  aider son frère à extraire un bloc de pierre dans une  carrière au lieu dit « Sous les Roches ». La  pierre extraite, M. Viriot causa avec son frère en tournant le  dos à la butte.
          ..Tout à coup un éboulement se produisit et M. Louis  Viriot fut renversé; relevé par son frère, il  fut reconduit à son domicile où M. le docteur Claude  constata qu'il avait la jambe droite fracturée.
        
L'EST REPUBLICAIN du dimanche 29 novembre 1891:
Pompey
..Vendredi, une vieille femme de Pompey, la dame J...,  plus qu'octogénaire, avait l'intention de se jeter dans la  Moselle.
          ..Son fils, prévenu à temps, a empêché  le funeste destin de la pauvre vieille, qui doit être tombé  en enfance.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 1er décembre 1891:
..La gendarmerie de Longwy a arrêté, en vertu d'un mandat d'amener, le sieur Auguste Weiss, âgé de vingt quatre ans, forgeron de Villerupt, inculpé de vol au préjudice de M. Fould à Pompey.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 9 décembre 1891:
..Le jeune Paul Lebrun, âgé de onze ans, dont les parents habitent Pompey, a été arrêté à Aingeray, par la gendarmerie de Liverdun, en état de vagabondage. Le jeune garçon a quitté le domicile de ses parents depuis environs trois mois. Depuis ce temps, il ne vit que de la charité publique.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mardi 16 décembre 1891:
Pompey
..Dimanche, c'était jour de paye à l'usine  de Pompey, et comme d'habitude en la circonstance, quelques ouvriers  avaient un peu trop festoyé, si bien qu'à dix heures et  demie, une rixe s'éleva entre divers individus.
          ..Un des gardes champêtres de la commune vint faire cesser la  bataille et se mit à la poursuite d'un des combattants, mais  un autre, s'armant d'un bâton, en porta un violent coup à  la tête du garde, dont le képi fut fendu et aussi un peu  la tête.
          ..Force cependant reste à la loi, et les deux batailleurs  furent conduits au violon municipal pour y achever paisiblement la  nuit. Mais leur sommeil fut troublé par un camarade qui vint  entreprendre leur délivrance, et qui réussit avec un  morceau de bois à enfoncer la porte de la geôle.
          ..Les deux captifs s'empressèrent alors de quitter l'asile  qu'on leur avait offert. L'un s'est dépêché de  mettre la plus grande distance entre lui et Pompey; l'autre, plus mal  inspiré ou plus héroïque, est demeuré à  sa pension, où la gendarmerie est venue le chercher lundi  soir.
          ..Il refuse énergiquement de dire le nom de son libérateur,  et celui-ci, trop modeste, n'a garde de se vanter de son exploit.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du vendredi 18 décembre 1891:
Pompey
..Dans la nuit de mardi à mercredi, le jeune  Martin Kiffer, ouvrier à l'usine, âgé de 15 ans,  a été atteint à la figure d'un éclat de  barre de fer rouge.
          ..Il a un œil complètement perdu.
 
        
L'EST REPUBLICAIN du mercredi 23 décembre 1891:
Pompey
..Le jeune Jules Arbeval, ouvrier aux usines de Pompey,  âgé de 18 ans, a été brûlé  assez grièvement par de l'huile qu'un de ses compagnons  faisait dégeler et qui s'est subitement enflammée, en  se rependant sur le malheureux jeune homme.
          ..Le blessé a été conduit à l'hospice.
 
        
..Dans un de nos précédent numéro, nous avions annoncé que le jeune Martin Kieffer, ouvrier aux même usines, avait été victime d'une brûlure qui lui avait fait perdre un œil. Nous apprenons qu'il y avait exagération, et que la brûlure était tout à fait insignifiante.