L'idée de réalisation de canaux en Lorraine date de 1798. Malheureusement les années mouvementées qui vont suivre ne permettront à ces projets de se concrétiser, tout au moins pour le canal de la Marne au Rhin, que le 3 juillet 1838. Ce jour là paraît une loi qui affecte la somme de 45 millions à l'accomplissement de ce canal.

L'avancée de ces travaux est relatée par les journeaux de l'époque :

 

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..PRÉFECTURE DU DÉPARTEMENT DE LA MEURTHE.

Travaux publics.

CANAL DE LA MARNE AU RHIN

Exécution du numéro 2 de l'article 2 de la loi du 7 juillet 1833, sur l'expropriation pour cause d'utilité publique.

ARRÊTÉ contenant désignation des localités ou territoires sur lesquels les travaux du canal doivent avoir lieu dans l'arrondissement de Toul.
..Nous, préfet du département de la Meurthe,
..Vu la loi du 3 juillet 1838, qui a ordonné l'établissement d'un canal de navigation de la Marne au Rhin;
..Vu la loi du 7 juillet 1833, sur l'expropriation pour cause d'utilisté publique;
..Vu la lettre de l'ingénieur en chef de la 2e section du canal, sous la date du 4 de ce mois, par laquelle, en nous annonçant que le tracé dudit canal est arrêté dans toute la traversée de l'arrondissement de Toul, ce fonctionnaire réclame l'accomplissement de la formalité prescrite par le n.° 2 de l'article 2 de la loi précitée du 7 juilllet ;
....ARRÊTONS :
..1° Les travaux de construction du canal de la Marne au Rhin auront lieu dans l'arrondissement de Toul, sur les territoires des communes de Lay-St-Rémy, Foug, Ecrouves-et-Grandménil, Toul, Gondreville, Villey-St-Etienne et Liverdun.
..2° Un arrêté ultérieur prescrira les enquêtes locales qui devront se faire dans chaque commune, à l'occasion du tracé définitif du canal, en exécution du titre 2 de la loi du 7 juillet.
....Nancy, le 5 avril 1839. ...................................L. ARNAULT.

(Le Journal de la Meurthe et des Vosges du samedi 13 avril 1839 - Bibliothèque Municipale de Nancy - Cote 745078)

 

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..« Le canal de la Marne au Rhin, commencé à Vitry-le-Français, point jusque auquel la Marne est elle-même canalisée, entrera dans le département de la Meuse, entre Sumaize et Remencourt. Il débouchera dans le département de la Meurthe, par les marais de Pagny, et en remontant le ruisseau de Lay-Saint-Remy ; une galerie souterraine, de 870 mètres de longueur, sera pratiqué de Lay-Saint-Remy à Foug. Depuis cette galerie, le canal suit sans accident la vallée de l'Ingressin jusqu'à Liverdun. Là de grandes difficultés de terrain à surmonter nécessiteront des travaux d'art qui, un jour, ajouteront singulièrement à l'intérêt pittoresque que ce site inspire. Un souterrain de 400 mètres environ sera creusé à travers la montagne, à peu près au-dessous de la chapelle que domine le village de Liverdun; en débouchant de ce souterrain, le canal franchira la Moselle sur un pont aqueduc et, poursuivant son cours sur les flancs de collines abruptes, passera près de Frouard ; où une maison sera démolie pour lui creuser un lit. De ce point, le canal se dirigera par la vallée de la Meurthe, et, en remontant la rive gauche de cette rivière jusqu'à Nancy, longera la promenade de la Pépinière, les bâtiments en construction de l'abattoir, coupera la route de Nancy, à Château-Salins, suivant toujours la rive gauche de la rivière jusques au-dessus d'Art-sur-Meurthe, vis-à-vis Saint-Phlin. La construction d'un pont-aqueduc portera le canal de la rive gauche sur la rive droite de la Meurthe. Après avoir passé Varangéville, où une portion de la grande route sera déplacée, il atteindra, à Dombasle, l'embouchure du Sanon, pour remonter ensuite cette petite rivière. Après avoir traversé l'étang de Réchicourt, où le Sanon prend sa source, le canal coupera, par une tranchée de 13 à 14 mètres de profondeur, le fâite de la colline qui sépare du bassin de la Meurthe le bassin de la Saar. Arrivée au biz de partage, le canal longera l'étang de Gondrexange, qui continuera à subsister comme réservoir subsidiaire, et suivra le ruisseau de Gondrexange jusqu'à son embouchure dans la Saar ; il traversera la Saar, sur un pont-aqueduc, entre Hesse et Xouaxange ; par des tranchées voisine de Schneckenbusch et Nidervillers, il passera de la vallée de la Saar à celle de la Bièvre ; puis, à l'aide d'un souterrain coupé par une fenêtre ou tranchée à ciel ouvert, il arrivera du bassin de la Saar à celui du Rhin. Ce souterrain, d'une longueur totale de 2,960 mètres, aboutira au ruisseau de Arscheviller, que le canal longera sur sa rive gauche, jusqu'à la vallée de la Zorn ; quittant le département de la Meurthe au-dessous de Lutzelbourg, il suivra la Zorn, en passant par Saverne, pour déboucher ensuite dans la plaine du Rhin.
..Ces indications que nous avons lieu de croire exactes, et qu'un coup d'oeil jeté sur la carte du département rendra plus faciles encore à comprendre, suffiront à nos lecteurs pour leur faire apprécier la nature des travaux à exécuter.
..Les eaux des deux Saars, prises au-dessus de leur point de jonction, à Hermelange, et celle de la Bièvre, prises au-dessus de Schneckenbusch, sont destinées à alimenter le cours du canal dans notre département, et si elles ne suffisaient pas, d'autres ruisseaux secondaires pourvoiraient à cette insuffisance. On conçoit qu'il y aura plus d'une question d'indemnité à vider entre l'adiministration et les propriétaires riverains : on ne peut servir les intérêts généraux sans nuire à quelques intérêts privés. Ainsi les propriétaires des usines que la Sarr alimente éléveront des réclamations ; il appartiendra au gouvernement d'en apprécier la légitimité.
..MM. Jaquiné et Guibal étudient en ce moment un projet de canalisation qui unirait le canal de Saarbruck au canal de la Marne au Rhin. On atteindrait ce but soit en ouvrant une branche de communication tout le long de la vallée de la Saar, soit en unissant le biez de partage du canal des Salines et du canal de la Marne au Rhin. Si l'on s'arrêtait à ce mode d'exécution, on opérerait la jonction en coupant par de faibles tranchées les faîtes qui séparent le bassin de la Seille de celui de la Saar, entre Cutting et Gondrexange. Pour alimenter ce nouveau canal, on dériverait les eaux de la Zoru, qui se joindraient à celles des deux Saars et de la Bièvre. La réalisation de ce projet faciliterait le transport des houilles de Saarbruck; et si, par une modification de tarifs, l'échange de nos vins avec les produits des provinces rhénanes devenait praticable, on conçoit que les contrées vignicoles de la Lorraine verraient s'ouvrir pour elles l'ère d'une prospérité durable.
..Nous ne terminerons pas cette notice sans faire connaître les noms des ingénieurs appelés à diriger la ligne du canal dans notre département. M. Collignon, ingénieur en chef, aura sous ses ordres M. Volmerange, chargé des travaux depuis Lay-Saint-Remy jusqu'à Gondreville. L'ingénieur qui aura la direction des travaux depuis Gondreville jusqu'à Dombasle n'est pas encore connu ; M. Collignon remplit l'intérim. M. Zeiler est chargé de la canalisation entre Dombasle et le biez de partage, et M. Jaquiné fils, des travaux de tout le biez de partage et de la descente du canal dans la vallée de la Zorn. Les travaux sont en pleine activité aux souterrains de Foug et d'Hartzwiller, et vont commencer incessamment à Liverdun.
..Une adjudication avait été ouverte à Nancy pour 1,200,000 fr. de travaux ; mais l'administration n'a pas cru devoir accepter les offres des adjudicataires qui avaient soumissionné pour cette somme. M. Colin Nicolas de Badonviller, et, jusqu'à ce jour, le seul adjudicataire ; il a soumissionné pour une somme de 520,000 fr. Nous informerons exactement nos lecteurs des faits qui se rattacheront à l'exécution de cette grande entreprise ; puisse-t-elle ne plus être entravée dans sa marche ! Le personnel des savants ingénieurs que nous venons de citer est pour le public un gage de sécurité. Que les allocations annuelles de fonds soient suffisantes, et, dans quelques années, les populations de l'Est salueront de leurs acclamations les bateaux qui, les premiers, nous apporterons les produits de l'Allemagne et les balles de coton de l'Amérique. »
..................................(Patriote.)
(Le Journal de la Meurthe et des Vosges du jeudi 26 septembre 1839 - Bibliothèque Municipale de Nancy - Cote 745078)

 

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Canal de la Marne au Rhin.

2.e SECTION

CONSTRUCTION

Du canal de la Marne au Rhin, dans la partie comprise entre la limite des communes de Villey-St.-Etienne et de Liverdun et le souterrain de Liverdun, sur une longueur de 4,712 mètres 60 centimètres.

..Le 26 novembre 1839, il sera procédé, par M. le préfet du département de la Meurthe, en conseil de préfecture, à Nancy, conformément à l'ordonnance royale du 10 mai 1829, à l'adjudication des travaux relatifs à l'ouverture de la partie du canal de la Marne au Rhin, comprise entre la limite des communes de Villey-St-Etienne et de Liverdun et le souterrain de Liverdun, sur une longueur de 4,712 mètres 60c.
..Les travaux à adjuger sont estimés ainsi qu'il suit :

......................Terrassements..........................300,557 fr. 20 c.
......................Quatre aqueducs sous le canal......31,151 fr.50
......................deux ponts fixes..........................14,454 fr.57
..................................................................________________
..................................Total.............................346,63.....27
........................Somme à valoir...........................73,836...75
..................................................................________________
..........................Total général...........................420,000
..Les devis et détail estimatif sont déposés au bureau des finances de la préfecture et dans ceux de l'ingénieur en chef du canal, place Carrière, n.°12.

(Le Journal de la Meurthe et des Vosges du mardi 5 novembre 1839 - Bibliothèque Municipale de Nancy - Cote 745078)

 

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..- Les travaux du canal de la Marne au Rhin prennent chaque jour un nouveau développement dans le département de la Meurthe. depuis six mois, huit cents ouvriers sont occupés aux grands souterrains d'Arschwiller, par lesquels le canal doit passer de la vallée de la Sarre dans celle du Rhin.
..Un autre souterrain est entrepris à Foug, sous le coteau qui sépare le versant de la Meuse de celui de la Moselle. Ce travail emploie en ce moment deux cents ouvriers.
..On a également attaqué la galerie souterraine par laquelle le canal doit traverser le coteau de Liverdun. Le nombre des ouvriers réunis sur ce point est, en ce moment, de cent quarante.
..Ainsi, sur toute la ligne qui traverse notre département, on a commencé par les travaux souterrains, à cause des difficultés et des retards que peuvent comporter ces constructions.
..Mais les travaux à ciel ouvert n'en ont pas été poussés avec moins d'activité. Déjà nous avons annoncé deux adjudications portant ensemble sur 15 kilomètres de canal et s'élevant à une dépense totale de 1,520,000 fr. ; nous en annonçons une nouvelle aujourd'hui, qui s'élève à 420,000 fr., pour la construction de 4,712 mètres de canal sur la commune de Liverdun.
..Plusieurs autres projets très-importants sont soumis à l'approbation supérieure ou vont lui être adressés.
..Enfin le travail des indemnités et des achats de terrain se réalise avec un succès qui témoigne des soins que l'administration apporte à cette partie importante de ses fonctions et du bon esprit qui anime les propriétaires de la Meurthe.
..Nous empruntons ces renseignements au Patriote et nous constatons avec plaisir la justice qu'il rend, en terminant, au zèle de l'administration et au bon esprit des propriétaires de la Meurthe.
..(Le Journal de la Meurthe et des Vosges du mercredi 15 novembre 1839 - Bibliothèque Municipale de Nancy - Cote 745078)

 

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Canal de la Marne au Rhin.

AVIS

..Le préfet du département de la Meurthe,
..En exécution du dernier paragraphe de l'art. 6 de la loi du 7 juillet 1833, prévient les propriétaires qui sont intéressés à prendre communication du projet de tracé du canal de la Marne au Rhin, sur le territoire de Liverdun, 2.e partie, aux abords du pont-canal de la Moselle, que le plan parcellaire et l'état indicatif des propriétés traversées, seront déposés pendant 8 jours, à partir du 16 décembre courant, à la mairie de ladite commune, pour que chacun puisse, s'il y a lieu, consigner telles observations que de droit entre les mains du maire.
..Nancy, le 12 décembre 1839.
........................................L. ARNAULT.

(Le Journal de la Meurthe et des Vosges du vendredi 15 décembre 1839 - Bibliothèque Municipale de Nancy - Cote 745078)

 

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